Par Frédéric Seront PourCiné-Télé-Revue
Une série policière avec un enquêteur dont le comportement n’entre pas dans la norme, c’est visiblement la clé du succès de bien des scénaristes, y compris français. Il suffit de lorgner du côté de «HPI» ou d’«Astrid et Raphaëlle». Mais dans ce registre, les Américains sont très forts également. Et l’un des meilleurs «spécimens» demeure bien sûr Adrian Monk, cet ancien policier truffé de TOC, meurtri par l’assassinat de son épouse, Trudy, qui s’est reconverti en détective privé. Un enquêteur à part, qui voit des indices que lui seul arrive à déceler, pour dénouer les affaires les plus complexes.
La série s’était achevée en 2009 au terme de huit saisons. On quittait un Monk apaisé, qui avait enfin découvert qui était le meurtrier de sa femme (un juge avec qui elle avait eu une liaison avant de le connaître), et qui nouait des relations avec la fille que Trudy avait eue avec ce même juge et que tout le monde croyait morte à la naissance. Nous revoilà près de quinze ans plus tard… et le covid est passé par là. Ce qui a, de nouveau, aggravé les symptômes de Monk, qui a toujours eu une peur obsessionnelle des microbes. Il est donc plus que jamais miné par ses troubles obsessionnels compulsifs. Des phobies qui lui font perdre son contrat avec un éditeur pour raconter sa carrière de détective. Déprimé, il pense à se suicider pour retrouver dans l’au-delà Trudy. Ce qui le fait tenir, c’est la perspective du mariage de sa belle-fille. Mais voilà que le futur mari de celle-ci meurt dans un accident de saut à l’élastique, qui pourrait bien être un meurtre. Et notre détective «toc toc» de reprendre du service!
Si Tony Shalhoub a pris quelques rides (il affiche désormais 70 piges au compteur), il excelle toujours autant dans la peau de Monk. Un vrai festival. Il arrive à rendre son personnage aussi agaçant qu’attachant. Et on en redemande. On retrouve aussi son assistante Natalie, ainsi que Randy et le capitaine Leland Stottlemeyer (qui a changé d’emploi). Par contre, pas de trace de Sharona, l’assistante de Monk dans les premières saisons, qu’on aurait bien pris plaisir à revoir autrement que par des images d’archives.
Si ressusciter une série qui a fait son temps n’est pas toujours une bonne idée, il faut avouer que les retrouvailles fonctionnent plutôt bien ici. Il est vrai que le scénariste d’origine, Andy Breckman, rempile, ce qui est généralement gage de réussite. Produit pour Peaco*ck, le site de streaming d’Universal aux Etats-Unis, cet épisode spécial souffre d’être un peu trop long, mais on ne boudera pas son plaisir. Il réussit l’exploit de retrouver tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série sans pour autant verser inutilement dans une forme de nostalgie.
Changements de voix
Si les comédiens ont tous pris un petit coup de vieux (normal, en quinze ans), certains personnages ont par contre changé de voix dans la version française, généralement suite au décès des comédiens qui les doublaient. C’est le cas notamment pour Leland Stottlemeyer ou pour le docteur Bell, le psychiatre de Monk. Un peu perturbant, surtout si vous êtes tombé récemment sur d’anciens épisodes, que rediffuse actuellement TMC chaque après-midi…
«Monk: le retour», 4 septembre, 21h10, TF1.